Financier

PEA et PEA‑PME : l’art de marier fiscalité et passion boursière

Publié le
May 12, 2025
10
min de lecture

Si vous pensiez que les placements boursiers étaient réservés aux « gros bras » de la finance, le Plan d’Épargne en Actions (PEA) et sa déclinaison PEA‑PME risquent de vous surprendre. Sous ses airs de produit banal, ce dispositif français combine niches fiscales, soutien à l’économie réelle et souplesse patrimoniale. À l’image d’un grand cru, il demande du temps et du soin, mais récompense la patience par des arômes de plus‑value et un bouquet de dividendes.

‍

PEA, ce drôle d’acronyme

‍

Créé en 1992, le PEA (Plan d’Épargne en Actions) permet d’investir dans des actions européennes tout en bénéficiant d’une fiscalité avantageuse. Il s’agit en quelque sorte d’un « conteneur fiscal » : à l’intérieur, vous pouvez détenir des actions, des OPCVM actions, des ETF et même des titres de PME non cotées, à condition qu’ils soient éligibles. Le vrai secret réside dans le temps : plus vous laissez mûrir vos actifs, plus la fiscalité est douce.

‍

Les différentes versions : jeune, classique et PME

‍

Le législateur a décliné le PEA en plusieurs versions :

  • PEA Jeune : rĂ©servĂ© aux 18‑25 ans rattachĂ©s au foyer fiscal de leurs parents. Il leur permet de commencer Ă  investir jusqu’à 20 000 €.
  • PEA classique : accessible Ă  tout contribuable domiciliĂ© en France, il autorise des versements jusqu’à 150 000 €. Les gains rĂ©alisĂ©s y sont capitalisĂ©s sans imposition tant qu’aucun retrait n’est effectuĂ©.
  • PEA‑PME : destinĂ© Ă  financer les PME et ETI (entreprises de taille intermĂ©diaire) europĂ©ennes, il offre un plafond de 225 000 €. Il peut ĂŞtre ouvert en parallèle d’un PEA classique, Ă  condition que la somme des versements sur les deux plans n’excède pas 225 000 €.

Ces plafonds de versement ne s’apprécient qu’à l’ouverture : les plus‑values et dividendes perçus à l’intérieur du plan ne comptent pas et peuvent donc grossir sans limite. Pour un couple, il est possible d’ouvrir un PEA chacun, doublant ainsi les possibilités de versement.

‍

Fonctionnement et durée de vie : patience récompensée

‍

Le PEA n’est pas un produit de trading intraday : son efficacité repose sur le long terme. Tout retrait effectué avant la cinquième année entraîne la clôture du plan (sauf cas particuliers : invalidité, licenciement, création d’entreprise, etc.). Passé ce délai, les retraits partiels sont autorisés et n’entraînent plus la fermeture du compte. Après huit ans, il est même possible de transformer le capital en rente viagère défiscalisée.

‍

Avantages fiscaux : un paradis (fiscal) hexagonal

‍

Le principal atout du PEA réside dans sa fiscalité. Comme le tableau précédent le montre, les gains générés (dividendes et plus‑values) sont exonérés d’impôt sur le revenu après cinq ans. Seuls les prélèvements sociaux (17,2 %) subsistent. Avant cinq ans, les gains sont soumis au prélèvement forfaitaire unique de 30 %, mais l’exonération d’impôt commence à compter du cinquième anniversaire.

Un autre avantage souvent oublié : les opérations effectuées à l’intérieur du PEA (arbitrages entre titres, versement de dividendes, fusions) ne déclenchent aucune imposition tant qu’aucun retrait n’a lieu. Le PEA fonctionne donc comme une « enveloppe » qui permet de différer l’impôt et de bénéficier de l’effet boule de neige.

‍

Stratégies d’investissement : CAC 40, PME, ETF et start‑ups

‍

Un PEA n’a d’intérêt que si l’on y place des actions ou OPCVM éligibles. Quelques pistes :

  • Indices et ETF : investir dans un ETF rĂ©pliquant le CAC 40 Net Return permet de profiter du rendement historique de la Bourse de Paris. Ce dernier s’établit Ă  environ 7,9 % par an depuis 1987 (dividendes rĂ©investis et après fiscalitĂ© standard), soit 6,2 % en moyenne après inflation – un net avantage par rapport au simple livret A.
  • Actions individuelles : privilĂ©gier des entreprises françaises et europĂ©ennes de secteurs porteurs : santĂ©, industrie, transition Ă©nergĂ©tique, luxe. Le PEA permet de loger des sociĂ©tĂ©s emblĂ©matiques du CAC 40 tout comme des mid‑caps dynamiques.
  • PEA‑PME et titres non cotĂ©s : pour l’investisseur aguerri, certaines plateformes proposent des obligations ou actions non cotĂ©es Ă©ligibles au PEA‑PME. Cela permet de soutenir le financement de PME rĂ©gionales tout en profitant de la fiscalitĂ© du PEA.

Pour répartir ses versements, une stratégie consiste à saturer d’abord le PEA‑PME sur des PME et ETI à fort potentiel de croissance (les versements faits sur le PEA classique se cumulent dans le plafond de 225 000 €). Ensuite, compléter par un PEA classique axé sur des actions plus liquides et des ETF, afin d’équilibrer risque et rendement.

‍

PEA‑PME : booster votre portefeuille et soutenir l’économie

‍

Créée en 2014, la version PEA‑PME vise à dynamiser le financement des petites et moyennes entreprises françaises et européennes. Son plafond de versement de 225 000 € est commun avec celui du PEA classique, mais il incite à orienter les flux vers des PME et ETI innovantes. Investir via un PEA‑PME permet notamment :

  • De participer Ă  des augmentations de capital ou Ă  des Ă©missions d’obligations convertibles de PME.
  • De diversifier son portefeuille avec des titres moins corrĂ©lĂ©s aux grandes capitalisations.
  • De bĂ©nĂ©ficier de rendements potentiellement supĂ©rieurs en contrepartie d’un risque de liquiditĂ© et de pĂ©rennitĂ© plus Ă©levĂ©.

L’univers éligible au PEA‑PME comprend des entreprises cotées ou non cotées de moins de 5 000 salariés et réalisant un chiffre d’affaires inférieur à 1,5 milliard d’euros. Ce sont ces champions cachés qui irriguent la croissance hexagonale.

‍

L’art de l’optimisation : combinaison PEA classique et PEA‑PME

‍

Un couple peut cumuler jusqu’à 450 000 € de versements (225 000 € chacun) en combinant PEA et PEA‑PME. Voici quelques idées pour tirer parti de cette souplesse :

  • Commencer tĂ´t : ouvrir un PEA Jeune pour ses enfants dès 18 ans leur permet de prendre date et de profiter de la capitalisation des dividendes dès les premières annĂ©es.
  • Segmenter par horizon : loger des actions de croissance Ă  fort potentiel (start‑ups technologiques, biotechs) dans le PEA‑PME et rĂ©server le PEA classique aux valeurs de rendement ou aux ETF indiciels.
  • RĂ©investir les dividendes : les dividendes perçus sur le PEA sont automatiquement rĂ©investis sans imposition, renforçant l’effet cumulatif. Sur PEA‑PME, rĂ©investir dans des obligations convertibles permet de lisser les cycles.
  • Transmettre : en cas de dĂ©cès, le PEA est fermĂ© mais les titres sont transfĂ©rĂ©s dans la succession sans perte de l’abattement fiscal acquise. Pour prĂ©parer la transmission, on peut cĂ©der des titres avant 5 ans Ă  ses hĂ©ritiers en profitant de l’exonĂ©ration du PEA et du rĂ©gime des donations.

‍

Risques et précautions : volatilité, diversification et horizon

‍

Un PEA n’est pas un paravent magique. Comme tout investissement en actions, il est soumis aux aléas des marchés :

  • Risque de marché : les actions peuvent perdre de la valeur. La crise de 2008 ou celle de la Covid‑19 ont rappelĂ© que les marchĂ©s peuvent chuter de 30 % ou plus en quelques semaines. La diversification (secteurs, capitalisations, zones gĂ©ographiques) et l’investissement progressif rĂ©duisent le risque.
  • Risque de liquidité : sur le PEA‑PME, les titres non cotĂ©s peuvent ĂŞtre difficiles Ă  revendre rapidement. Il faut accepter de bloquer son Ă©pargne plusieurs annĂ©es.
  • Risque juridique : les critères d’éligibilitĂ© des titres peuvent Ă©voluer. Il est conseillĂ© de vĂ©rifier auprès de son intermĂ©diaire que les titres sont bien compatibles avec le plan.

Enfin, gardez à l’esprit que le PEA reste un outil de long terme. Y loger ses réserves de cash destinées à un achat immobilier dans deux ans n’a aucun sens : la durée minimale pour profiter de la fiscalité est de cinq ans.

pour résumer,

  • Trois PEA cohabitent : Jeune (plafond 20 000 €), classique (150 000 €) et PEA‑PME (225 000 €).
  • Les retraits avant 5 ans closent le plan et exposent Ă  l’impĂ´t de 30 %. Après 5 ans, les gains sont exonĂ©rĂ©s d’impĂ´t, seuls les prĂ©lèvements sociaux (17,2 %) s’appliquent.
  • Le rendement historique du CAC 40 Net Return avoisine 7,9 % par an (6,2 % après inflation), ce qui en fait une base solide pour un PEA orientĂ© ETF.
  • Le PEA‑PME permet de soutenir des PME et ETI tout en profitant des avantages fiscaux, mais il comporte un risque de liquiditĂ© supĂ©rieur.
  • L’optimisation passe par la diversification : rĂ©partir les versements entre PEA et PEA‑PME, mixer grandes capitalisations et petites valeurs, rĂ©investir les dividendes et ne pas sacrifier l’horizon de placement pour des besoins de trĂ©sorerie Ă  court terme.

Le PEA n’est pas un coffre-fort ; c’est un jardin à cultiver. Armez-vous de patience, choisissez vos actions avec soin et laissez le temps faire pousser vos récoltes. La fiscalité douce et la puissance des marchés financiers feront le reste.

Un regard expert et indépendant
sur votre patrimoine

Avec Senturio, vous bénéficiez d’un accompagnement sur mesure, confidentiel et stratégique, pensé pour durer et évoluer avec vous.