
Le luxe comme actif : plus qu'un caprice
Pour les investisseurs habitués aux actions et aux obligations, l’idée de miser sur un chronographe en or rose, un grand cru bordelais ou une automobile d’époque peut sembler fantaisiste. Pourtant, les actifs de luxe s’imposent progressivement comme une classe d’investissement à part entière. Les objets d’exception ont l’avantage d’allier plaisir esthétique et potentiel de rendement.
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Selon l’indice Knight Frank Luxury, l’ensemble des actifs alternatifs a progressé de plus de 120 % en dix ans, soit presque un doublement de valeur. Certaines niches se sont distinguées : les whiskys rares ont bondi de 350 % sur la période, tandis que l’horlogerie et les grands vins affichent des gains d’environ 150 %. L’art et l’automobile ont offert entre 100 % et 120 % de hausse. Ces chiffres rappellent qu’une montre bien choisie ou une caisse de Romanée‑Conti peuvent rivaliser avec un portefeuille d’actions.
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Longtemps réservés à une clientèle fortunée, les investissements en montres ou en vin s’ouvrent grâce à l’investissement fractionné. Des plateformes spécialisées permettent aujourd’hui d’acheter une fraction d’un actif tangible pour quelques centaines d’euros. Les tickets d’entrée se situent généralement entre 100 et 250 €. L’investisseur possède une part d’un objet et bénéficie d’une quote‑part des plus‑values à la revente. Ce modèle rappelle les clubs de golf haut de gamme : on partage le green et on répartit les frais d’entretien, sans avoir à acheter le domaine.
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Pour optimiser la diversification, il est conseillé de répartir les investissements entre plusieurs catégories et millésimes, comme on construit un portefeuille d’actions et d’obligations.
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Les actifs de luxe peuvent être intégrés dans une stratégie patrimoniale sophistiquée. Une assurance‑vie luxembourgeoise permet par exemple d’héberger un fonds dédié aux objets de collection, offrant une enveloppe fiscale avantageuse et une transmission facilitée. L’utilisation d’une société civile de portefeuille permet aussi d’acquérir des biens en indivision et de mutualiser les risques. Les investisseurs chevronnés peuvent recourir à un crédit Lombard – un prêt adossé à des titres – pour financer l’achat d’un objet rare sans mobiliser de liquidités.
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L’attractivité des objets de luxe tient à leur décorrélation avec les marchés financiers et à leur potentiel de préservation du pouvoir d’achat. Toutefois, ces actifs restent illiquides et soumis à la mode. Tous les modèles ne prennent pas de valeur, et certains segments connaissent des cycles baissiers. L’expertise d’un professionnel est indispensable pour évaluer l’état, l’authenticité et la provenance d’une pièce. Comme sur un green balayé par le vent, un petit détail peut changer la trajectoire.
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Pour résumer, les actifs de luxe ne sont plus réservés aux collectionneurs. Avec des performances qui rivalisent parfois avec les marchés actions, ils offrent une diversification originale à condition de respecter certaines règles : choisir des pièces rares et recherchées, diversifier entre catégories, prévoir les coûts de conservation et s’entourer d’experts. Comme dans un swing réussi ou l’achat d’un sac emblématique, c’est le souci du détail qui fait la différence.
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